Sunday, November 30, 2008

Monday, July 21, 2008


TRIP D'ENFER

Virginie Despentes a secoué la France machiste et réac en inventant deux héroïnes fortes et sujets de leur destin. Loin du cliché de la femme victime. Salutaire.

Pas de suspens, c’est écrit et consigné dès le deuxième chapitre, page 13 de l’édition d’origine : « Manu n’avait pas l’âme d’une héroïne. Elle s’est habituée à avoir la vie terne, le ventre plein de merde et à fermer sa gueule. » Petite, nerveuse, elle parle le plus possible la bouche pleine, dit tout ce qui lui passe par la tête, est portée sur la bibine. Elle se défonce à tout va, a tourné dans quelques pornos « avec des animaux », et aime baiser, « attraper du loup » comme elle dit, parce que : « Plus tu baises dur, moins du cogites et mieux tu dors ». De deux têtes plus grande, d’apparence plus féminine, plus introvertie, Nadine passe son temps à mater elle aussi des pornos, au grand dam de sa colocataire. Pas belle, pas moche non plus, un physique déroutant mais pas désagréable. Deux trois fois par semaine, elle enfile une jupe, qui lui moule un peu trop le cul, monte sur des hauts talons et va se taper deux ou trois clients. « Elle dévisage les gens, tous les messieurs qu’elle croise peuvent l’avoir. Même les plus vieux et les plus sales.» Elle racole sur Minitel, avec des baselines telles que « jeune ville vénale mais très docile cherche Monsieur sévère». Elle claque son fric en casques de walkman, qui se pètent sans arrêt. Futur? Aucun. Séparément, Manu et Nadine sont donc deux looseuses, deux déracinées et paumées à qui la vie ne sourira jamais. Leur rencontre, qui intervient suite à deux blessures-ruptures narratives (un meurtre, un viol) change totalement la donne. Ensemble Nadine et Manu sont les deux femmes les plus fortes, explosives, dérangeantes et transgressives qu’il nous ait été donné de lire, imaginer et par suite voir (l’adaptation du livre au cinéma par Despentes et Coralie Trin Thi) en France depuis dix ans. Tout d’abord parce qu’il y a chez elles, en dépit des apparences quelques chose d’intensément grand et absolu, « une inétanchable soif » (qu’elle soit « de foutre, de bière ou de whisky ») d’aller jusqu’au bout de leur destinée, coûte que coûte, de rattraper toute une vie dans un road trip sanglant, sexuel et défoncé de quelques jours. Une ironie désespérée, un jusque-boutisme qu’elles résument dans une formule parfaite et laconique : « Si t’as mal au pouce coupe toi le bras ». Surtout Nadine et Manu ont fait valser, il y a presque dix ans déjà, un grand bloc de certitudes en imposant une typologie de personnages totalement novatrices dans le paysage français : l’héroïne pro sexe vengeresse. Une femme qui, après avoir été abusée ne s’en tient pas à sa condition de victime, décide de se venger, introduisant par là en France le genre du Rape and Revenge cher à Quentin Tarantino, de Jackie Brown à Boulevard de la mort en passant par Kill Bill. A chaque kilomètre parcouru, à chaque balle tirée, à chaque homme baisé puis laissé en plan, les très queer Manu et Nadine enfreignent les lois de l’hétérosexualité dominante, dévissent la matrice sexe/genre, et proposent un retournement de valeurs qui, s’il semble en 1996 voué à l’échec (Manu se fait descendre, Nadine se fait arrêter en cavale), n’en reste pas moins salutaire, salvateur et plein de possibles. Des libertés que beaucoup, même à gauche, ne pardonneront pas à Despentes. Dans une réplique machiste et réac, qui fait toujours froid dans le dos, Laurent Joffrin, alors rédacteur en chef du Nouvel Observateur écrit que « Virginie Despentes représente une sorte de fascisme à visage humain ». Toutes (et tous) les autres, lui disent un immense merci.

G.S

Baise-moi de Virginie Despentes, éditions J’ai Lu



Wednesday, July 02, 2008

5 P.M AVEC AGYNESS

La top la plus hype et androgyne du moment, Agyness Deyn s'associe avec le groupe indie Five o'clock Heroes sur Who, bluette pop dont on se fout un peu. mais le clip vaut lui sacrément le détour. pour le plaisir des yeux.

Thursday, June 19, 2008


LES PAS DE LOUISE

Après Louise Bourgeois, voilà une autre Louise, tout aussi passionnante : la danseuse Louise Lecavalier. Danseuse athlétique dans les années 80, handicapée par uen blessure à la hanche qui la met en retrait, Louise revient sur scène avec le chorégraphe Benoit Lachambre. A 50 ans, elle découvre les joies de l'improvisation.

Il y a quelques mois, en arrivant sur la petite scène à peine éclairée de la Ménagerie de Verre, Louise Lecavalier avait commencé par s’habiller, et enfiler sur son corps élastique un survêtement Adidas noir et jaune et une paire de runnings. On eut pourtant la sensation qu’elle se mettait à nu. En une heure de solo d’une lenteur extrême, qui disait à la fois l’effort, le dépassement de soi, la tentation de l’informe, la possibilité que le corps lâche, elle se livra à des contorsions inouïes, qui empruntaient à la fois au hip-hop, au yoga, au pilate et semblaient converger vers un seul but : repartir à la découverte d’une gestuelle personnelle, et renouer, à 50 ans, avec son identité de danseuse. Intitulé I is Memory, ce solo conçu par le chorégraphe canadien Benoit Lachambre, qui accordait énormément de place à l’improvisation, sonnait comme un nouveau départ, dans la carrière de Lecavalier, tranchant totalement avec ce qu’elle avait accompli jusqu’alors aux côtés d’Eduard Lock dans La La La Human steps. Pendant dix huit ans celle que l’on surnommait « la tornade blonde », en raison de l’énergie déployée sur scène, était devenue l’emblème de la danse du détail, de la perfection développée par Lock: une danse très athlétique, expression d’une démesure, qui repoussait sans cesse les limites du corps et demandant à ses interprètes d’exécuter des mouvements d’une rapidité folle. Sur scène, dans des spectacles tels que Human Sex (1985) ou Infante 1 et 2 (1991 et 1992) Lecavalier exécutait ainsi des mouvements d’une technicité époustouflante, enchaînant à l’infini ainsi des sauts périlleux sans élan. « J’ai adoré travailler avec Edouard, raconte Lecavalier, que l’on retrouve dans sa loge après une représentation au Festival TransAmériques de Montréal. Elle présentait Is you me, un spectacle dansé en duo avec Benoit Lachambre, que l’on peut voir cette semaine à Paris. Je ne regrette rien. Malgré cette rigueur chorégraphique, j’avais toujours ma liberté, je pouvais toujours trouver des espaces où mettre mon imaginaire. J’étais tellement intrigué par sa façon de bouger qui était très algue. Pour m’approprier ce langage, j’ai du travailler très fort ». A la fin des années 80 nombreux sont ceux qui la considèrent comme « la danseuse la plus brillante de l’époque ». Bowie, grand fan, l’invite à danser sur sa tournée Sound and Visions en 1990. Pendant longtemps, Lecavalier, originaire de Laval, la campagne Montréalaise, « la honte totale, la ville où il ne se passe rien par excellence » dit pourtant avoir eu du mal à se considérer comme danseuse. Elle raconte ainsi comment, après ses études de danse à Montréal, elle refuse la place de danseuse que lui propose une compagnie contemporaine. « Je pensais que je n’étais pas assez bonne », glisse-t-elle, avec un air de sauvageonne. Un syndrome qui la poursuit pendant dix bonnes années. En 1999, une vilaine blessure à la hanche l’oblige pourtant à mettre un terme avec sa collaboration avec Lock et à quitter La La La. « Cela a coïncidé avec le moment où Edouard à bifurqué vers le ballet. Et c’était une technique que je ne pouvais plus approcher, ma jambe ne pouvait plus. J’ai essayé de rester un temps mais je ne pouvais plus être avec les autres. Etre une île toute seule, c’est difficile. J’ai préféré partir et voir ce que je pourrais inventer seule. » S’en suit une longue période de remise en question, pendant laquelle Lecavalier réapprend à bouger petit à petit. « Il me fallait dix jours pour pouvoir reproduire un mouvement ». Elle pratique énormément le yoga, les pilates et travaille plus en longueur, en élasticité. Elle fait deux enfants. Une opération de la hanche achève de la remettre sur pieds. Sa rencontre avec Benoit Lachambre, qui vient de l’improvisation, joue un grand rôle dans son processus de réparation. « Quand j’ai appelé Benoit je connaissais très peu son travail. Je ne lui avais quasiment jamais parlé. Plus j’ai envie de travailler avec quelqu’un, moins j’ai envie de lui parler. Danser, cela passe par tellement autrement chose que des mots. C’est physique, il faut ressentir du plaisir à bouger ensemble. Je sentais que c’était un esprit libre, il me semblait proche, même si nos corps sont très différents.» Pendant plusieurs semaines, ils se retrouvent en studio et improvisent sans relâche, regardant le reflet de l’autre dans un miroir. Lecavalier, moins rompue à l’exercice que Lachambre, se sent bloquée, et pense qu’elle n’arrivera à rien. Peu à peu la confiance revient. « Un jour, nous avons fait une impro formidable, je ne me voyais pas, j’y allais à fond. Dans le miroir, j’ai vu son bras qui rentrait par erreur dans l’image et il y a eu un moment où ce qui était lui était moi, tout se mélangeait. De là est venu le titre Is You Me ». Quelques mois plus tard, à Montréal les deux danseurs évoluent sur un plan incliné, le visage dissimulé par une capuche, vêtus de vêtements de sport. Assis à un bureau à droite de la scène, le vidéaste Laurent Goldring dessine en live des formes, pleins vide, déliés, qui se surimpriment, par un procédé de vidéo-projection, sur les corps des danseurs et donnent une esthétique très BD à l’ensemble. Jouant de leurs contrastes physiques, elle frêle et élastique, lui plus imposant, évoluant souvent à l’horizontale, ils se mélangent, se quittent et composent un dialogue très contemporain qui interroge les notions de fusion, de perte, de distance entre soi et l’autre, comme pour tenter de quantifier ce qu’il reste de soi quand on s’abandonne à l’autre. Dans ce registre, Lecavalier est impériale. Dans sa loge, à la sortie du spectacle, elle avoue : « Depuis que j’ai mes enfants et que je suis guérie de ma blessure, j’ai l’impression que ça danse tout seul. J’ai pourtant mis un temps fou à dire que j’étais danseuse. J’étais douée mais je voyais le chemin à parcourir pour devenir une bonne danseuse. Je le vois toujours, c’est pour ça que je danse encore. »

Géraldine Sarratia, in Les Inrocks, juin 2008

Friday, June 06, 2008

MA CABANE AU CANADA

Après deux jours passés à suivre le festival Transamériques de danse et théâtre contemporaine illuminé par la prestation de l’immense Louise Lecavalier dans Is you me une pièce de benoit Lachambre, je me prépare donc à me lancer dans quatre jours de Mutek. Ce festival, qui fête sa neuvième édition, et mêle chaque année esprit de découverte, goût de l’expérimental et têtes d’affiches, fait partie avec Sonar des plus importants et pointus au monde en matière de musique électronique. Pourtant Mutek a connu de grosses difficultés il y a deux ans, montrant à quel point il est difficile d’installer un événement « électronique » durable en Amérique du Nord où la culture « clubbing » à l’européenne n’existe pas à proprement parler. Vous trouverez peu de véritables clubs à Montréal, davantage des salles de concerts reconverties pour l’occasion. Pas la peine non plus de se mettre en tête de danser jusqu’au bout de la nuit ou de viser l’after, les clubs fermant leurs portes à trois heures du matin. Fort de nouvelles subventions donc, et d’une programmation plus éclectique et moins « nerd » et « laptop », l’édition 2008 s’annonce des plus excitantes avec en autres Modeselektor, Sleeparchive, les excellents The Field, Carl Craig, le petit chouchou du moment Danton Eeprom, Kid Koala, ou encore Chloé, qui présentera pour une des premières fois le live de son album The Waiting Room.

fontainesonore

Mutek propose également quelques débats sur la distribution digitale, les problématiques des festivals ou les avancées technologiques ainsi que quelques expositions. En zonant au cocktail d’inauguration, je suis ainsi tombée sur une expo retraçant l’histoire de SONDE, un des groupes mythiques electro-acoustique de la scène montréalaise de la fin des années 70, début des années 80( le groupe fut actif de 1976 à 1986). Fondé par Charles Mestral, il se composait de huits musiciens (Andrew Culver, Pierre Dostie, Chris Howard, Robin Minard, Michael O’Neil, Linda Pavelka) et fut un des rares groupes québécois d’intervention musicale à adopter dans sa pratique une approche transdisciplinaire, mêlant art visuel, installation, performance… En plus de proposer des extraits de leur musique, cosmique, bruitiste et totalement barrée, l’exposition présentait quelques uns des incroyables instruments et structures sonores construits par le groupe, telle cette fontaine sonore composée de tubes et de cuves d’acier. (on peut écouter des extraits sur www.electrocd.com/)


Mais ce mercredi, ce sont les légendes de Détroit Interstellar Fugitives du collectif Underground Resistance qui donnèrent réellement le coup d’envoi de Mutek, succédant au duo local de house tendance eighties Heart & Soul, qui avait eu le bon goût de se produire le visage masqué d’un bandana, en hommage à leurs prestigieux aînés. undergroundresistanceAu début des années 90, les membres d’Ur, qui appelaient à la révolte et au renversement du système en place qui opprimait la communauté noire, se produisaient à visage couvert, le plus souvent cagoulé. Une révolte qui semble intacte, quinze ans plus tard quand les cinq membres du crew montent sur la petite scène du SAT, maintenue dans une obscurité presque totale. Pendant que Mad Mike, la casquette vissée sur la tête à son habitude, reste à l’arrière, semblant protéger une ligne invisible, l’athlétique chanteur occupe l’espace d’une manière très frontale. Massif, impressionnant, coiffé d’un béret militaire, il ponctue son chant d’une gestuelle mêlant mouvements de boxe et danse tribale. « Le chaos n’est pas le désordre. Le chaos est la liberté », dit–il se lançant dans Chaos and Order, titre manifeste du crew qui s’étire sur cinq bonnes minutes. Sur les écrans derrière le groupe sont projetées des images de danseurs africains en tenue guerrière avec masques et sagaie, des cartes de la Zulu Nation, des armes. Un titre plus rapide enchaine « Je veux que tout le monde danse », ordonne-t-il. A vos ordres semble répondre la salle, déchaînée, qui savoure chaque instant de cette techno minimale urbaine et industrielle, qui quinze ans après, n’a pas pris une ride.

Jeudi 29 mai

Le fait que Mutek ne soit composé que par des lives électroniques (pas de DJ set) confère à ce festival une réelle singularité et une atmosphère unique. Peut être parfois moins festive (quoique), mais de bout en bout passionnante et riche en découvertes. Ce soir, je choisis d’aller assister à Visions, un programme qui travaille sur la relation son / image. Au Théâtre du Nouveau Monde trois ou quatre artistes se succèdent chaque soir. le live électronique comportant la projections de visuels est un exercice qui peut s’avérer casse gueule et ce pour de multiples raisons : musique pas à la hauteur, images dont on ne perçoit pas la cohérence etc.. Nokami & Sans Soleil, projet d’Eric Filion et Michael Trommer qui présentaient Semiosis en fut un peu l’illlustration. Peu captivé pare la musique très ambiant et dénuée de prise de risque, on eut du mal à saisir où voulait en venir leurs images, fourre-tout stylistique. Beaucoup plus cohérente et flippante fut la performance de Freida Abtan, un jeune artiste, vidéaste canadienne aux cheveux bleus et aux faux airs de Lydia Lunch. Très figurative, mettant en scène des personnages semblant sorti de peintures baroques, sa pièce The Hands of The Dancer convoque un univers puissant et dérangeant. A suivre. Le temps de remonter un peu la rue Saint Catherine, de prendre le boulevard saint Laurent et nous voilà à la petite salle SAT. Debout face à des vieux tournes disques bricolés et peints en couleur, le canadien Martin Tréteault présente pour la première fois Artificial Process. Expérimentant le son produit par le contact des différentes matières avec le diamant, , qui joue à un volume proche de l’insoutenable, produit des textures, frottements, scratches.. Trop punk, trop fort, la pièce se vide peu à peu.


Vendredi 30 mai

http://www.lesinrocks.com/uploads/radiocanada.jpg11 h du matin. Direction Radio Canada. L’émission Bande à Part, petit joyau alternatif et déconneur dans l’imposante et tradi radio nationale, enregistre da dernière émission de la saison. Best of des meilleures moments, elle accueille aussi aujourd’hui des lives d’artistes électroniques invités par Mutek. Les studios sont superbes, au quinzième étage avec une vue imprenable sur le fleuve Saint Laurent.





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C’est Jeremy P. Caufield, Canadien installé depuis plusieurs années à Berlin qui s’y colle en premier. (PHOTO) A mi-chemin entre le live et le set DJ (il mixe sur Serato et intercale des morceaux de sa propre production), sa performance sent bon les after berlinoises : ultra rythmée et minimale. Chloé enchaîne, donnant un léger avant-goût de sa performance du 31 au Métropolis. Commençant par le morceau d’introduction de son album The Waiting Room, elle construit un live hypnotique, tout en lenteur qui gagne le cerveau petit à petit à mesure que le tempo augmente. Reliftée en version club, It’s Sunday et sa rythmique lancinante commence à sérieusement faire de dégâts sur les parois intérieures du crâne. L’après midi se poursuit sur le boulevard Saint Laurent.




http://www.lesinrocks.com/uploads/choloe.jpgJ’accompagne Chloé (PHOTO) au magasin Moog, qui déborde de claviers et a de quoi rendre n’importe quel producteur de musique électronique cinglé. 22 h Métropolis Première grosse soirée du Mutek dans cette belle et grande salle qui communique avec le Savoy, une salle à la plus petite capacité située au premier étage. Kid Koala, petit prodige local (il mixe à trois platines) débute son set avec la classique et mélancolique Old River, qu’Almodovar a remis au goût du jour dans son film « La mauvaise éducation », puis enchaîne avec des riffs de grosses guitares qui tâchent. Virtuose mais sacrément ennuyeux. Mieux vaut se diriger au Savoy, complètement électrisé par la performance de Dave Aju. L’Américain signé chez Circus Company met littéralement le dance-floor en ébullition avec ses tracks de minimale survitaminée, propulsée par des basses puissantes et constantes. Elégant avec sa casquette de petit monsieur et ses fines lunettes, Aju dégage une énergie qui semble sans limite et rappelle celle dégagée par le Français Ark il y a quelques années.

Samedi 31 mai

A peine remise de l’excellente prestation de Modeselekotor associés aux VJ berlinois Pfinfanderei, voilà qu’il faut déjà affronter le line up prometteur et gargantuesque du samedi soir. Faute de pluie le pique-nique electronique prévu l’après-midi (avec entre autres Flying Lotus, projet du petit fils de John et Alice Coltrane) dans un des parcs de la ville s’est rabattu dans la petite salle de la Sat. Le son est excellent, les prestations de haute volée.
22 h Métropolis. Le Canadien Noah Pred est déjà derrière son laptop et balance un son puissant, qu’on s’attendrait plutôt à entendre jouer sur le coup de 2 h du mat. Chloé, qui se produit pour la première fois en live au Canada, branche son matériel, et n’hésite pas à mutek302radicalement ralentir le tempo quand elle prend la relève sur le coup de 23 H 15. « I want you », susurre-t-elle au micro, tandis que retentissent des basses lentes, déjà sexuelles. Début d’une heure de live épique, hypnotique et mental qui prend totalement possession du dancefloor, lui imprime son rythme, sa manière de bouger et de penser. Exercice difficile s’il en est, la lenteur devient un formidable atout. Jouant sur les longueurs, sur les notions d’abandon et de frustration, Chloé tient les corps parfois par un fil ténu, avant d’accélérer à nouveau le tempo ou de rétablir un pied rassurant et protecteur. Une performance de haute volée, qui devrait encore gagner en intensité dans les semaines et mois à venir.


Au Savoy, la petite salle située à l’étage du Métropolis, la soirée a également démarré en fanfare, avec d’excellents lives de Kode 9 & Space Apen du label anglais hyperdub et Quiet Village (projet parallèle de Matt Edwards de Radioslave et de Joel Martin). Arrivé le jour même par avion Matt Edward, qui doit assurer le Dj set de fin de nuit connaît d’ailleurs quelques mésaventures : son sac de disques, paumé par la compagnie, n’est toujours pas arrivé. Backstage, une poignée d’artistes lui gravent donc en urgence des tracks afin qu’il puisse assurer son set à 3 du mat.


01h 00. The Field, groupe signé chez Kompakt et auteur l’an passé du très convaincant From Here we Go Sublime, a pris possession de la grande salle. mutek303Mêlant machines et instruments analogiques (dont une super basse Hofner vintage), le trio conduit par le Suédois et moustachu Axel Willner chauffe à fond le plancher de danse du Métropolis, préparant le terrain à Danton Eeprom. Le Français, qui a également connu quelques mésaventures aériennes et failli ne jamais atteindre Montréal, s’est mis sur son trente et a grave la gnaque. Très classe en pantalon, chemise blanche et fine cravate noire, derrière sa console, le marseillais expatrié à Londres se lance dans un live totalement trippé et dantesque, à l’image de Confessions of an opium eater, un de ses meilleurs tracks à ce jour. A suivre de très très près, en attendant la sortie de son album à la rentrée.


Le site de Mutek

Géraldine Sarratia

30 mai 2008

Tuesday, May 20, 2008

Hercules, dieu Disco

Piloté par le DJ Andrew Butler, chanté par Antony et produit par DFA, le projet collectif Hercules and Love Affair parvient à allier esprit disco des origines et production electro contemporaine. Ils seront en live le 8 juin à la Cigale. A ne pas manquer

Ces jours-ci, impossible d’y couper. Au moindre déplacement urbain, la silhouette de Franck Dusbocq, le regard bleu torve, lunettes à la main, un caddie dans l’autre, se charge de rappeler l’évidence : la disco revient. Pour le pire, comme dans ce film de Fabien Oteniente où elle est caricaturéé, vidée de son sens, réduite à une farce : boules à facettes, jeans moule-burnes, casques de chantiers, beauferie sous-jacente. Mais aussi pour le meilleur. Ces deux dernières années, les avant-gardes électroniques se sont en effet pris de passion pour ce genre né au début des années 70. Les ressorties, redécouvertes et titres rares ont fleuri dans les mixs, compilations des labels electro (Dirty Space Disco sortie par le label Tigersushi l’an passée, ou la Colette 8 mixée par le français Joakim) et de nombreux artistes (Lindström, Prinzhorn Thomas, plus récemment les très italo-disco Glass Candy ou encore Chromatics …) ont injecté la fameuse rythmique synthétique et nonchalante dans leurs productions. Avec des artistes tels que les Scissors Sisters, Mika ou plus récemment des pitreries de Calvin Harris (et de son irrésistible acceptable In The Eighties), la fièvre a également gagné le mainstream. Dans ce vaste revival, Hercules and Love Affair, projet collectif piloté par Andrew Butler, un DJ rouquin fou de disco qui évolue dans les milieux queer new-yorkais depuis une quinzaine d’années, s’affirme pourtant comme le plus passionnant. Peut être et avant tout parce qu’il est celui qui, en faisant preuve d’une production très contemporaine (il sort sur DFA, le label de James Murphy), renoue le plus profondément avec l’esprit des origines, quand le genre était encore une musique minoritaire qui propulsait sur le devant de la scène Noirs, femmes et homosexuels, en bonne héritière des mouvements féministes de la fin des années 60 et des soulèvements de Stonewall. Une musique de plaisir partagée, qui célébrait dans ses chansons une vie nocturne et subversive, mais aussi une source d’affirmation de l’identité, avec laquelle on parle de soi avec fierté et honnêteté. Blind, le renversant premier single extrait du disque, magnifiquement interprété par Antony Hegarty et propulsé par une basse digne de Larry Levan, en est la parfaite illustration. Andrew Butler : “Je trouvais intéressant qu’il chante sur de la musique synthétique, et non pas folk comme avec son groupe Antony and the Johnsons. J’étais très impressionné par sa voix, son exigence dans son travail, son art. Nous avons tellement de choses en communs : nos goûts, expériences . Je lui ai immédiatement proposé de venir au studio et nous avons registré Blind.” Mise en boîte, la chanson reste pourtant dans les cartons, où elle rejoint les nombreuses compositions qu’Andrew Butler accumule depuis des années. “Jusqu’alors, avoir enregistré une chanson suffisait à me satisfaire, je ne ressentais pas le besoin de la rendre publique. Antony m’a beaucoup encouragé, et aidé à changé ma manière de voir. Je crois qu’en réalité, je ne m’assumais pas vraiment en tant que songwriter avant d’écrire Blind.”
Butler est pourtant loin d’être un débutant. Passionné de musique, il joue du piano et compose depuis l’enfance. Une formation classique déviée à jamais par Don’t Go, l’explosif single de Yazoo, qu’il découvre en 1986 à 10 ans. “Le choc ! J’avais l’impression qu’il avait été fait au paradis, que ses sons étaient extra-terrestres. La voix d’Alison Moyet était géniale, troublante, je ne savais pas si c’était un homme ou une femme. J’étais obsédée par cette chanson.” A 15 ans, il plonge dans la scène house de Chicago, se métamorphose en clubbeur assidu et devient DJ dans la foulée. “Denver était une ville ennuyeuse, conservatrice, avec des lois anti-gays, où se développait en même temps une scène club très intense. Ça tenait beaucoup à sa situation géographique : elle était équidistante de Chicago-Detroit d’un côté, San Fransico-Los Angeles de l’autre. Donc les DJ de ces deux zones venaient mixer chez nous.” Installé à New-York depuis une bonne dizaines d’années, il vit de son son activité de DJ, organise des soirées, écrit également quelques articles pour la presse musicale et est rapidement devenu un spécialiste disco. Hercules and Love Affair est son premier véritable projet. Prenant comme figure tutélaire Hercule, le dieu grec antique qu’il a choisi pour sa force légendaire et aussi pour son sentimentalisme et ses amours homosexuels (“il est à la fois l’homme le plus fort du monde et aussi le plus vulnérable”, explique-t-il ), Butler a composé un chef d’œuvre qui s’écoute à la fois comme un hommage vibrant aux Arthur Russel, Chic, Donna Summer, Sylvester Ou Innercity (You Belong cite explicitement leur Big Fun) que comme une passionnante et haletante odyssée identitaire, interprétée à trois voix. Premier rôle, alter ego, toujours juste dans son émotion, Antony habite les plus beaux titres du disque, de l’inaugural Free Will au superbe Blind en passant par le sautillant Raise Me Up. Réservées aux moments plus feutrés, intimistes, les voix de Nomi (une performeuse et chanteuse hip-hop, aperçue sur quelques productions de RZA) et Kim Ann (une figure de la scène queer underground de San Francisco) complètent à merveille le casting. On en sort un peu grooggy et chamboulé émotionnellement, oscillant tout au long du disque entre des sentiments habituellement opposés (tristesse et gaieté, insouciance et introspection), habité surtout d’un grand sentiment de liberté. Quelques symptômes de l’expérience disco, si l’on en croit Andrew Butler. “C’est une musique des extrêmes, animée d’un incroyable sentiment de liberté. Tu te crées un endroit, sur le dance-floor où tu dis qui tu es, où tu peux être qui tu désires. Je trouve que c’est une très belle idée.”

Géraldine Sarratia
Album Hercules and Love Affair ( DFA/Emi)
/// www.herculesandloveaffair.com

Friday, May 16, 2008


DOUBLE PEINE


En articulant depuis ses origines les concepts de sexe et race, le féminisme noir américain constitue un apport théorique essentiel. Enfin traduits, ses textes fondateurs arrivent en France



« Woman is the nigger of the world » (la femme est le nègre du monde), chantait en 1972 John Lennon, quelques années après la révolution de 1968. Dans les bras de Yoko, John avait vu juste, mais avait oublié un détail : quid de la femme Noire ? Black feminism, première anthologie du féminisme africain-américain (1975-2000) à paraître France permet d’apporter quelques éléments de réponse, et de combler une énorme lacune. Constitués en objets d’études aux Etats unis depuis le début des années 80, parallèlement aux Women Studies ou aux Black Studies, les études noires féministes (Black feminine Studies) infiltrent et influent, tout comme les textes de la théorie queer, les textes et travaux des universitaires françaises depuis le début des années 90 et surtout 2000. Faute de traduction, leur existence, tout comme leur apport théorique restaient pourtant jusqu’alors inconnus du grand public. «Leur découverte a vraiment été comme un pavé dans la gueule pour les mouvements féministes et également antiracistes. Dans le milieu féministe intellectuel et / ou militant, les questions soulevées par le Black feminism correspondaient à la problématique émergente, qui était celle du croisement du sexisme et du racisme. Nous étions de plus en plus nombreux/ ses à se référer à ce corpus africain-américain », explique Elsa Dorlin qui a conçu, coordonné, et préfacé dans une longue et passionnante introduction, cette anthologie. Cette enseignante et chercheuse française (à Paris 1), philosophe, a publié l’an passé l’essentiel Matrice de la race. Recueil de dix textes écrits entre 1975 et 2000 par des universitaires, sociologues ou tout simplement militantes féministes noires américaines, Black feminism est une plongée théorique et politique, ainsi qu’un formidable témoignage sur deux siècles d’histoire des identités noires américaines. Mouvement héritier malgré lui de la fameuse « ligne de couleur produite par les systèmes esclavagiste, puis ségrégationniste ou discriminatoire », le féminisme noir trouve son origine dans une double exclusion, qui survient au 19 è siècle, au moment de la lutte pour les droits civiques aux Etats Unis. Au départ, mouvement féministe et lutte abolitionniste sont liées aux Usa : en 1830, de nombreuses associations féministes se mobilisent en faveur de l’abolition de l’esclave (Female Anti-Slavery society fondée en 1833). Très vite pourtant, une scission perverse intervient : ne pouvant supporter d’être reléguées plus bas que les anciens esclaves, les mouvements féministes blancs excluent la femme noire de la catégorie « femme ». « Dans cette configuration précise, explique Elsa Dorlin, un piège s’est refermé sur les femmes esclaves, qui n’ont considérées ni comme des femmes, ni comme des esclaves ».
C’est en dénonçant et articulant simultanément cette double exclusion, de race et de sexe, en établissant précisément que la domination était toujours hétérocentriste et raciale, que le mouvement féministe noir américain se formalise et s’institutionnalise au début des années 70 sous l’impulsion d’auteures telles qu’Angela Davis, Michele Wallace ou encore tel que le collectif radical Combahee River Collective. Les apports du mouvement sont aujourd’hui énormes. Changement de perspective au même titre que l’arrivée en France du concept de genre, les problématiques Black féminists (l’identité de femme comme étant forcément racisée, le concept de sororité, la notion de domination. etc.) ont mis à la disposition des chercheurs « des outils critiques et théoriques pour penser et lutter contre le racisme et le sexisme ». Elles ont également poussé le mouvement féministe français à faire un retour critique sur sa propre histoire, et son rapport au colonialisme et au racisme. « Pourquoi, lorsqu’ on parle de féminisme noir en Métropole, on pense tout de suite à l’Afrique ou l’Amérique ? Pourquoi est ce qu’on ne pose jamais la question de la dimension post-coloniale de la France ? », interroge Elsa Dorlin. L’actualité politique contemporaine n’est pas en reste. En 1982, les féministes afro-américaines s’institutionnalisaient en publiant un ouvrage collectif intitulé « Toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont des hommes, mais nous sommes quelques unes à être courageuses ». Vingt-cinq ans plus tard, la candidature démocrate Hillary Clinton- Barack Obama, semble leur donner raison


Géraldine Sarratia

Black Feminism, textes choisis et présentés par Elsa Dorlin, l’Harmattan, 260 p.

Tuesday, May 13, 2008


J’ai la guitare qui me dérange

Depuis quelques mois elles sont partout. Elles squattent les magazines de mode, de Elle à Madame Figaro, crânent en couv’ des Inrocks, se confient dans les pages portraits de Libé. Comme protégées et portées par une sorte d’immunité, de ferveur collective, elles font l’unanimité. Intouchables, encensées, incontournables. Elles, ce sont les filles à guitares acoustiques. Elles s’appellent Carla Bruni, Elodie Fregé, Anaïs, Linda Lemay, Pauline Croze, Jeanne Cherhal, ou même Babette, récemment échappée des sautillants Dyonisos. Ces deux dernières années, elles incarnent le renouveau de la chanson française, qui ne jure plus que par elles. Un sacre pour le moins étonnant en ce début de vingt-et-unième siècle : qui aurait parié, il y encore vingt ans, que le futur se passerait d’électricité, et que la femme des années 2000 serait représentée par les descendantes de Sœur Sourire, assises sur leurs tabourets, en train de fredonner de jolies mélodies ?
Car la fille à guitare acoustique ne « chante » pas vraiment. Elle chuchote, susurre, fredonne, joue avec son timbre de voix, parle parfois. Charlotte Gainsbourg, qui ne joue pas de guitare, fait évidemment partie de cette catégorie. Elle fait preuve d’une certaine retenue, question de style. Souvent grande, elle porte les cheveux longs et adore les basics, tout particulièrement le couplé, jean pull en cachemire. Un rien ne l’habille. Elle est très souvent, on le disait ; assise sur un tabouret. Une position (pas aventureuse) sûrement beaucoup plus confortable pour jouer de la guitare, mais, on en conviendra; pas très rock star. Mais justement, le rock, elle s’en fout.
Pied-de-nez aux avancées technologiques, la fille à guitare acoustique sonne en effet comme un défi à l’histoire. Elle semble nous dire que le rock (et la contestation sociale qui va avec) n’a jamais existé, que Dylan n’a jamais revisité sa Highway 61 et que le monde ronronne, Like a rolling Stone. Qu’il était beau le temps vantés par les chanteurs et chanteuses de folk au début du siècle, les verts pâturages, les veillées au coin du feu. Pour la contestation, faudra repasser. Quand elle s’y essaie tout de même, elle la pratique avec mollesse, humour ou autodérision. C’est Anais qui s’en prend à un des piliers de notre société : le couple., qui lui « donne la gerbe », lui « colle le cul par terre » dans sa chanson la plus connue « Mon Cœur mon amour »….Pour mieux avouer,quelques couplets plus loin, le nerf de sa guerre : « Je hais les couples qui me rappellent que je suis seule. »
Jeanne Cherhal, elle, dans Douze fois par an parle de ses règles, un sujet à première vue audacieux et tabou. Le traitement laisse songeur. Cherhal chante « Douze fois par an, elle se tord de douleur (…) Son ventre est un feu/ un volcan fiévreux / Qui crie à sa place ». On ne peut qu’applaudir la vision biologisante de la femme, commandée, c’est bien connu, par ses hormones.
C’est finalement le plus gros reproche que l’on adressera à la femme à guitare acoustique : chanter comme si mai 68 avait été une illusion télévisuelle, comme si les Slits, Patti Smith ou the Raincoats n’avaient jamais existé. Jouer de la musique comme on fait du tricot, pour passer le temps, et refuser de prendre à bras-le-corps des formes esthétiques nouvelles et les investir de significations politiques, sociales.
Pas besoin d’être Roland Barthes pour comprendre que le rock et la guitare électrique sont bien plus que la musique de la jeunesse en colère. Ils symbolisent la puissance, la pulsation nécessaire au retournement d’un ordre établi.
La fille acoustique c’est celle qui refuse comme l’écrivait Béatriz Preciado d’ « en avoir une grosse », de s’hypersexualiser au contact des guitares électriques et autres samplers, et peut être de prendre le risque de s’approprier des codes et qualités jusqu’alors masculines : agressivité, ambition, pouvoir . C’est la housewife fière de l’être, qui gratouille dans son coin, contente de sa condition. Avec sa guitare folk comme étendard, elle est le dernier rempart contre l’ennemie R’n’b au look « chienne de l’enfer », les corps mini String, maxi seins.

G.S., Publié dans GQ, avril 2008

Saturday, March 08, 2008


HEROS DISCO

De quoi parle la disco ? de bonheur, de joie partagée sur la piste ? Oui, et aussi et surtout de soi, de la place qu'on parvient à se faire dans le monde avec son genre, ses particularités. Plus encore que dans certaines chansons Pop qui peuvent décliner des paroles tristes sur des mélodies enjouées, il y a quelque chose de fondamentalement triste, profond dans la disco. un équilibre subtil, précieux qui me transporte. comme quand Sylvester chante "I need somebody to love me tonight", que Jimmy Sommerville chnante Smalltown boy ou qu'Antony sur ce nouveau très beau projet Hercules and Love Affair chante le bouleversant Blind. A l'origine de ce projet collectif, Andy Butler un Dj qui gravite dans la scène underground queer de NY et SF depuis une bonne quinzaine d'années. Smalltown boy lui même, de Denver ("j'étais le seul a chanter Pump up the Jam à l'arret de bus" ), Butler tombe en arret face à Yazoo le groupe d'Alison Moyet dans les années 80. La fièvre disco ne le quittera jamais plus. Hommage à cette culture, fier, camp, Hercules and Love affair est un des plus attachants et renversants disques de cette rentrée. produit par DFA, Butler livre des hymnes chantés par Antony, Nomi ou Kim Ann.

Wednesday, February 27, 2008



C'EST MON GENRE !

« La France ayant la réputation d’être le pays où la politique des identités n’existe pas, la rencontre C’est mon Genre de Nantes proposée par l’erban est l’occasion de revisiter et repenser les enjeux, les acquis, les implications des pensées féministes et de la question du genre – concept qui tente de saisir les contradictions identitaires. C’est mon Genre aborde les rapports de pouvoir, les relations entre l’art, le féminisme et la philosophie post-structurale ou la queer theory.
Parler de féminisme(s) n’est pas une invitation à une guerre des sexes mais permet de mieux appréhender les ressemblances et les différences en abordant la complexité de ce qui fait l’identité d’un individu.
Cette rencontre invite au débat à partir des recherches d’Emmanuelle Antille, Marc Bauer, Alain Buffard, Françoise Collin, Brice Dellsperger, Elsa Dorlin, Fabienne Dumont, Valie Export, Virginie Jourdain, Elisabeth Lebovici, TaniaMouraud, Beatriz Preciado, Elvan Zabunyan, Giovanna Zapperi...
Elle s’appuie sur une question : Quels sont les enjeux de cette
réalité pour les jeunes générations et leurs pratiques de l’art ? »`
Trois jours de débats donc, colloques qui pourront avoir pour thème la performance de genre de Beth Ditto in « what would beth ditto do ? » (Eleibovici-Gsarratia) , une intrigante étude « Foucault vs Madonna : Outils média et constructions identitaires », ou encore « Performe ton genre, performe ta race » par Elsa Dorlin.

Colloque c’est mon genre
les 4, 5 et 6 mars 2008
de 10h00 à 19h00


amphithéâtre, 5e étage de l’école
entrée libre dans la limite des places disponibles
école régionale des beaux-arts de nantes
place dulcie september
44001 nantes cedex 1
t. 02 40 35 90 20
f. 02 40 35 90 69
http://www.erba-nantes.fr