Monday, July 21, 2008


TRIP D'ENFER

Virginie Despentes a secoué la France machiste et réac en inventant deux héroïnes fortes et sujets de leur destin. Loin du cliché de la femme victime. Salutaire.

Pas de suspens, c’est écrit et consigné dès le deuxième chapitre, page 13 de l’édition d’origine : « Manu n’avait pas l’âme d’une héroïne. Elle s’est habituée à avoir la vie terne, le ventre plein de merde et à fermer sa gueule. » Petite, nerveuse, elle parle le plus possible la bouche pleine, dit tout ce qui lui passe par la tête, est portée sur la bibine. Elle se défonce à tout va, a tourné dans quelques pornos « avec des animaux », et aime baiser, « attraper du loup » comme elle dit, parce que : « Plus tu baises dur, moins du cogites et mieux tu dors ». De deux têtes plus grande, d’apparence plus féminine, plus introvertie, Nadine passe son temps à mater elle aussi des pornos, au grand dam de sa colocataire. Pas belle, pas moche non plus, un physique déroutant mais pas désagréable. Deux trois fois par semaine, elle enfile une jupe, qui lui moule un peu trop le cul, monte sur des hauts talons et va se taper deux ou trois clients. « Elle dévisage les gens, tous les messieurs qu’elle croise peuvent l’avoir. Même les plus vieux et les plus sales.» Elle racole sur Minitel, avec des baselines telles que « jeune ville vénale mais très docile cherche Monsieur sévère». Elle claque son fric en casques de walkman, qui se pètent sans arrêt. Futur? Aucun. Séparément, Manu et Nadine sont donc deux looseuses, deux déracinées et paumées à qui la vie ne sourira jamais. Leur rencontre, qui intervient suite à deux blessures-ruptures narratives (un meurtre, un viol) change totalement la donne. Ensemble Nadine et Manu sont les deux femmes les plus fortes, explosives, dérangeantes et transgressives qu’il nous ait été donné de lire, imaginer et par suite voir (l’adaptation du livre au cinéma par Despentes et Coralie Trin Thi) en France depuis dix ans. Tout d’abord parce qu’il y a chez elles, en dépit des apparences quelques chose d’intensément grand et absolu, « une inétanchable soif » (qu’elle soit « de foutre, de bière ou de whisky ») d’aller jusqu’au bout de leur destinée, coûte que coûte, de rattraper toute une vie dans un road trip sanglant, sexuel et défoncé de quelques jours. Une ironie désespérée, un jusque-boutisme qu’elles résument dans une formule parfaite et laconique : « Si t’as mal au pouce coupe toi le bras ». Surtout Nadine et Manu ont fait valser, il y a presque dix ans déjà, un grand bloc de certitudes en imposant une typologie de personnages totalement novatrices dans le paysage français : l’héroïne pro sexe vengeresse. Une femme qui, après avoir été abusée ne s’en tient pas à sa condition de victime, décide de se venger, introduisant par là en France le genre du Rape and Revenge cher à Quentin Tarantino, de Jackie Brown à Boulevard de la mort en passant par Kill Bill. A chaque kilomètre parcouru, à chaque balle tirée, à chaque homme baisé puis laissé en plan, les très queer Manu et Nadine enfreignent les lois de l’hétérosexualité dominante, dévissent la matrice sexe/genre, et proposent un retournement de valeurs qui, s’il semble en 1996 voué à l’échec (Manu se fait descendre, Nadine se fait arrêter en cavale), n’en reste pas moins salutaire, salvateur et plein de possibles. Des libertés que beaucoup, même à gauche, ne pardonneront pas à Despentes. Dans une réplique machiste et réac, qui fait toujours froid dans le dos, Laurent Joffrin, alors rédacteur en chef du Nouvel Observateur écrit que « Virginie Despentes représente une sorte de fascisme à visage humain ». Toutes (et tous) les autres, lui disent un immense merci.

G.S

Baise-moi de Virginie Despentes, éditions J’ai Lu



Wednesday, July 02, 2008

5 P.M AVEC AGYNESS

La top la plus hype et androgyne du moment, Agyness Deyn s'associe avec le groupe indie Five o'clock Heroes sur Who, bluette pop dont on se fout un peu. mais le clip vaut lui sacrément le détour. pour le plaisir des yeux.