Thursday, May 02, 2013

The Knife, à couteaux tirés

Sept ans après Silent Shout, le duo suédois The Knife revient avec le très attendu Shaking the Habitual. Un des albums electro les plus fous et radicaux de 2013 qui tente d'exploser les frontières des genres, identitaires et musicaux. “Karin, Olof ? C'est bien vous ?” La rencontre se déroule sur skype. A l'heure dite, nous voilà connecté à deux pseudos énigmatiques, l'un localisé dans les environs de Stockholm, l'autre plus bizarrement au Barheïn, en plein milieu du Golfe persique. La caméra reste désactivée. On espère donc juste bien parler aux intéressés. “De toute façons, est ce que cela a une réelle importance que ce soit vraiment nous ?”, lance Olof Dreijer – ou son avatar. Lui et sa sœur aînée Karin Dreijer Andersson se mettent à glousser comme deux gamins, contents de leur effet. Quinze secondes d'interview et nous voilà plongé au cœur d'une des problématiques préférées de The Knife : le masque, l'identité et sa représentation. Que se cache-t-il derrière le masque ? Qu'est ce qui nous définit en tant qu'individu ? Existe-t-il autre chose que des masques ? Ces dix dernières années, depuis que les deux Suédois élevés aux disques de jazz et de musique non-européenne de leur père ont décidé de faire de la musique, le duo a majoritairement avancé masqué et multiplié les identités. Il y a eu la période oblongue, avec un masque en forme de long bec d'oiseau noir, la période bleue, plus futuriste, sans oublier l'épisode, ou Karen, en plein délire Linder Sterling/Mars Attacks s'était recouvert le visage de viande dégoulinante à la télé suédoise. Jamais ou rarement (ils apparaissent furtivement dans certains de leurs clips) The Knife au naturel, en chair et en os. Au fil des années, le duo, qui a crée son propre label Rabid et possède un contrôle total sur sa musique a radicalisé sa démarche, répondant de moins en moins aux sollicitations de la presse. Toute demande de session photo se voit ainsi systématiquement refusée ou détournée. Dans le magazine Dazed de ce mois, ci, le groupe qui fait l'objet d'une longue story, a ainsi en guise de portrait collé des photos de leurs propres visages adolescents sur ceux d'enfants de 12 ans, pris dans un gymnase. Idem pour la promo. Il y a quelques semaines, le duo suédois a tout planté et décidé d'accorder ses interviews via Skype. “On trouvait ça absurde, coûteux et inutile de prendre des avions à travers l'Europe ou de faire se déplacer des gens”, explique Olof. Ils préféraient également se concentrer sur leur nouveau live. Ça fait six ans, depuis la sortie de leur troisième album Silent Shout, un disque d'electro noire, flippante et nerveuse qui n'a toujours pas pris une ride, que le groupe s'était fait plus discret, sans pour autant disparaitre. Un opéra darwinien, l'ambitieux et singulier Tomorrow in a Year (2010), réalisé avec le concours de Mr Simts et de Planning To Rock, leur avait permis d'exprimer leurs pendants les plus expérimentaux. Karen en a également profité pour monter un projet solo et plus dowtempo, le génial et glaçant Fever Ray, qui a obtenu presque plus de succès que The Knife et concurru à re(faire) découvrir le groupe. “Fever Ray m'a beaucoup changée, poursuit Karen. J'ai appris énormément au niveau de la technique, de la production. Ça a été très positif de faire l'expérience de ce moment où tu n'as pas à discuter avec les autres, où tu décides de tout.” C'est surement ce radicalisme, ce jusqu'au-boutisme et cette curiosité perpétuelle qui expliquent aujourd'hui l'influence, gigantesque, du groupe et le quasi fanatisme de son public. Les places mises en vente pour la tournée européenne de Shaking The Habitual se sont évaporées en une journée. “On ne s'attendait vraiment pas à un tel engouement, poursuit Olof. C'était difficile pour nous de mesurer l'attente.” Dans cette époque de profonde mutation industrielle (musicale mais évidemment bien au delà), où les ventes de disques chûtent, où les formats sont remis en question et où groupes et maisons de disques ne savent plus vraiment à quel saint de vouer, The Knife semble un de ces ilots- laboratoires qui affirme au contraire sa vision avec une grande netteté. On ne compte plus les artistes qui disent avoir été influencés par le groupe, son esthétique et son positionnement avant-gardiste. “Depuis leur premier album, on retrouve ces voix énigmatiques, bizarres, qui leur ont donné tout de suite une identité forte et reconnaissable, unique. Ils remettent en question leur musique à chacun de leurs albums et évoluent avec leur temps. Ils ont une grande influence sur la musique électronique”, explique la DJ et productrice Chloé. Beth Ditto, la chanteuse de Gossip qui a repris sur scène à de nombreuses reprises Heartbeats, le premier tube de The Knife, extraits de leur deuxième album Deep Cuts (2003) les tient ainsi pour le “meilleur groupe au monde” : “Je me reconnais dans leur musique, leur valeurs. Leur musique me donne la sensation d'être connectée à quelque chose de beaucoup plus grand. Ils sont politiques, féministes, profondément humains. Je les vois comme les Slits de notre génération : ils ont créé un son, un genre musical impossible à reproduire mais dont on sent l'influence partout. Ils innovent sans cesse sans qu'il n'y ait rien de forcé, musicalement ou visuellement.” Ce nouvel album Shaking the Habitual ne déroge pas à la règle et radicalise encore la démarche. Il sonne comme ce que le groupe a fait de plus personnel, de plus ambitieux – et de moins accessible. Pour le composer, Karin et Olof avoir eu besoin de retrouver l'envie au sens organique, physique du terme (“lust” en anglais). Dans une vidéo postée début décembre, qui reste un des plus beaux teasers d'albums aperçus depuis longtemps, ils expliquent : “La musique peut être tellement vide de sens. Nous devions retrouver l'envie. Nous avons demandé à nos amis et amant(e)s de nous aider.” L'esthétique de la vidéo est très proche de celle du clip de Pass This On, un de leurs meilleurs à ce jour, où une transexuelle chante la triangulation du désir dans un karaoké suédois. Talons hauts, robes glams près du corps et longues perruques blondes et rousses, Karin et Olof assis sur des balançoires envoient leurs corps dans le vide. Un sentiment proche de celui ressenti par l'auditeur qui s'apprête à plonger dans Shaking The Habitual. Inutile de rechercher dans ce disque les ambiances calypsos de Deep Cuts (2003) ou les formats froid et technoïdes mais encore un peu chansons de Silent Shout (2007). Produit entre leurs deux studios de Stockholm et Berlin, Shaking the Habitual est un ouragan sonore et sensoriel de presque cent minutes, qui prend à revers attentes et conventions. Pas de tube, ni de format pop, mais des longs tunnels de neuf minutes totalement ecstasiés et débridés dont s'échappent, comme dans un trip, des textes crus et politiques qui donnent à l'ensemble un air de manifeste. La seule façon d'aborder ce disque fou, hors norme est d'accepter le contrat narratif proposé par Karin sur le furieux et inaugural Tooth for an Eye : s'abandonner, croire. “I’m telling you stories /Trust me”, profère-t-elle d'une voix robotique, reprenant un vers de Jeannette Winterson, une de leurs auteurs préférées. “Nous avons lu énormément d'auteurs féministe et de théoriciennes de genre, telles que Judith Butler ces quatre dernières années. Olof les étudiait à l'université et nous avons partagé ces lectures, précise Karin. Elles ont totalement structuré notre façon de lire et d'envisager la société.” Politiquement, esthétiquement, l'entente entre le frère et la sœur est presque fusionnelle. Leur séances en studios ressemblent à de longues improvisations entrecoupés de discussions à n'en plus finir sur ce qu'ils ont vu, lu, vécu ou pensé du monde qui les entoure. “Si on regarde de manière globale, c'est triste et très frustrant, explique Olof. La mobilité des gens est totalement déterminée par la couleur de leur peau, leur origine, leur sexualité. Mais il y a énormément de bonnes initiatives, nous sommes entourés par beaucoup d'artistes et d'amis qui mettent en place des façons de vivre moins hétéro-normées.” Leur disque, “féministe et socialiste”, tant dans son esthétique que dans son mode de production en est le reflet. La chanteuse américaine queer Light Asylum prête ainsi sa voix puissante à Stay Out There dont le texte a été écrit par l'artiste Emily Rosdon, une proche de JD Samson (ex- Le Tigre). Pour l'artwork du disque, The Knife a fait appel a Liv Strömquist, une auteur de comic queer suédoise. A l'intérieur du CD, on trouve deux bandes dessinées hilarantes, dans lesquelles elle tente d'endiguer le problème de “l'extrême richesse dans le monde”. Le clip de Full Of Fire, premier extrait du disque, est signé par Marit Ostberg, une réalisatrice de porno queer suédoise, remarquée pour sa participation au film Dirty Diaries, qui tentait de repenser la représentation de la pornographie. Pour Full Of Fire, Ostberg a conçu un long trip visuel, parfait concentré du monde vu par The Knife : on y croise dans les rues de Stockholm des corps jeunes, vieux, des jeunes qui manifestent ou encore des motardes SM qui se livrent à une séance bondage en plein air. Neuf minutes intenses pendant lesquelles Karin répète comme un mantra une des grandes questions de ce disque sauvage, rêche et indompté : “Quand tu es en feu, quel l'objet de ton désir ?”. Peut-être quelque chose de plus complexe qu'une chanson avec couplet, un refrain et une mélodie semble répondre le duo avec cet album. Peut être un sujet qui se définit autrement qu'un homme ou une femme, et refuse ces catégories socialement et hétéro-normativement définies. Quelque chose qui, loin des habitudes, se trouve dans les marges, les contre-allées, les zones d'ombre encore inexplorées. Album Shaking The Habitual (Rabid/Cooperative/Pias) www.theknife.net

Friday, April 30, 2010


NAKED LUNCH

Icône de l’underground new yorkais 70, Lydia Lunch nous plonge dans l’Amérique profonde à travers une poignée de textes autobios, et son contraire, l’art, à travers plusieurs interviews d’écrivains. Ahurissant.


De Lydia Lunch, on connaît la silhouette de tigresse qui se déploie, féline et dénudée dans les films de Richard Kern, la voix tantôt grave, tantôt hurlée entendue sur ses disques solo et multiples collaborations depuis le début des années 80 (de Nick Cave en passant par Sonic Youth), la posture hardcore. Peu en revanche, l’écrivain. En trente ans, Lunch n’a pourtant pas cessé d’écrire : plus de 200 chansons, des spoken words, mais curieusement assez peu de littérature, qu’elle tient pour son influence principale. « La musique a toujours été là pour habiller les mots », explique-t-elle. « A13 ans, j’ai lu Last Exit to Brooklyn de Selby. Et aussi Artaud, Miller, Genet, qui restent mes auteurs préférés. Ce sont ces livres qui m’ont donné le courage d’être moi et de foutre le camp de chez mes parents à 14 ans».
Dans sa bibliographie, minimale, quelques nouvelles (Incriminating evidence en 1992), un comic flippant et psychotique(Toxic Gummo), un recueil de poésie (Adulterers Anonymous en1982)et surtout Paradoxia, journal d’une prédatrice paru en 1999. Un livre terrible, d’une crudité et d’une noirceur extrême, dans lequel elle raconte vingt ans de sa vie : la fuite du foyer paternel incestueux pour les rues crades du new York punk et défoncé de la fin des années 70, sa lutte (qui plus que par l’analyse passe par le corps, l’expérience) pour dominer ses obsessions, ses appétits dévorants jamais assouvis. Pétri du même matériau, Déséquilibres synthétiques, recueil de courts récits qu’elle a accumulé ces dix dernières années dans son disque dur, assorti de quatre interviews réalisées pour des magazines (Hubert Selby, Nick Tosches, Jerry Stahl, Ron Athey) parait en comparaison un poil fade de prime abord. On y retrouve certes l’univers de Lunch, mais le style semble s’être un peu empâté- trop d’adjectifs, et une propension à l’analyse et à la glose (sur Dieu, la guerre en Irak) qui freine un peu la lecture -quand Paradoxia transmettait la jouissance de l’expérience pure.
Passée cette réserve, l’ouvrage, qui renferme de vraies réussites et fulgurances, vaut amplement le détour. Pour la première fois, Lunch se replonge dans son enfance à Rochester, ses huit ans, les émeutes de 1967, sa mère qui l’abandonne sur un coup de tête et la vire manu militari de sa voiture, son père monstrueux, sale, inquiétant qui se bourre la gueule tous les week-ends pendant quarante huit heures d’affilée et joue la virginité de sa fille au poker.. Mais même si certaines scènes sont ahurissantes, c’est avec « Johnny » (récit d’une relation autodestructice à la lisière de la santé mentale) et surtout « la Bête »qu’elle atteint son meilleur niveau. En une cinquantaine de pages âpres, incandescentes, rythmées par des passages de La Liquidation de l’opium d’Artaud, La Bête, qui raconte l’histoire du batteur dément de Teenage Jesus ( le premier groupe no wave de Lunch) est un petit chef d’œuvre de subversion, de cinégénie, de déchiquetage à la mitraillette du rêve américain, reformaté ici en dope-detox-hosto-prison. Embarqué dans une bagnole lancée à fond, on glisse dans le West Side new-yorkais à la rencontre des gangs de blacks, de travelos putes portoricains qui se vendent pour 5 dollars. Et Lunch excelle dans ce portrait d’outsiders, de loosers incapables de mettre fin à leur jour qui se détruisent au compte-goutte, jour après jour, mus par des forces qu’ils ne maîtrisent pas. Car s’ils sont vrillés par la structure familiale, les personnages de Lunch sont avant tout des produits de l’Amérique, de ses perversions, de sa structure viciée, de sa banlieue sans fin.

Géraldine Sarratia

Lydia Lunch : Déséquilibres synthétiques, traduit de l’anglais par Virginie Despentes, ( Etats-Unis), Au Diable Vauvert, 207 p, prix ?
Big Sexy Noise ( Sartorial records)


3 questions à Lydia Lunch

Vous vivez depuis de nombreuses années à Barcelone. Retournez vous aux Usa ?
Jamais. L’idée d’y faire un saut me rend malade. Je préfère vivre dans un ex –pays fasciste que dans un pays qui de mon point de vue est en train de le devenir.

Vous ne lisez plus de romans. Pourquoi ?
Je n’ai plus de temps pour les romans. Je lis des essais, de la philosophie, des bouquins scientifiques, des bios, des témoignages. : Je veux de l’expérience, de la réalité. Je ne sais pas comment on écrit un roman. J’ai une écriture automatique, je ne fais pas d’ébauches, pas de brouillons.

Vous sortez un nouvel album rock avec le groupe Big Sexy Noise. Quels sont vos autres projets ?
Je travaille sur un scénario basé sur mon expérience. Il débuterait à mes 16 ans et traverserait ma vie.. J’ai aussi pensé à nouveau livre « Road Whore », qui raconterait la vie en tournée, les rencontres, la nuit, d’une perspective féminine.

Tuesday, September 08, 2009

The XX au Point éphémère le 9 oct !

C'est un des groupes les plus attachants du moment. Un de ceux dont vous avez besoin le matin en vous réveillant, qui semble ne parler qu'à vous Ils s'appellent the XX, sont 4 ( deux filles et deux garçons), viennent de Londres et composent des chansons pop cristallines , le plus souvent chantées à deux voix. On pense à Cure (les guitares lointaines, le flanger) aux Cocteau Twins, Lee Hazelwood ou à rien, et se contente de se laisser emporter par Cristalised ou Teardops, la superbe reprise de Womack & Womack. On en reparle très vite. En attendant grouillez vous d'acheter votre place !








www.pointephemere.org

Monday, August 31, 2009

ETRE UNE FEMME


« Nous n'allons pas permettre aux Européens de décrire et de définir nos enfants » : ses mots, prononcés par Leonard Chuene, le président de la Fédération sud-africaine d'athlétisme lors de la conférence de presse organisée pour recevoir « La fille en or de l’Afrique du Sud », montrent bien, si besoin, que la polémique Caster Semenya a largement dépassé les frontières de l’athlétisme. Après une victoire du 800 m- elle a pulvérisé du record existant de 2 secondes- la jeune femme à la voix « rauque » a été soumise à un « test de féminité » : Pour l’IAFF il y avait un en effet un « doute visuel » -le terme peut inquiéter. La championne a été soumise à une batterie de tests par une équipe composée d’un endocrinologue, d’un généticien, d’un psychologue et d’une spécialiste du genre. Depuis les jeux olympiques de Sydney, la pratique, développée lors des jeux de Bucarest en 1966 (à cause de lanceuses de L’Est un peu trop performantes et barquées), n’avait plus cours. Car difficulté, il existe de moins en moins de critères fiables pour déterminer l’identité sexuée. Génétique ? « Depuis les années 90, et la prise en compte des intersexués, les généticiens savent bien qu’un code XX ne suffit pas à garantir « la vraie » femme », explique la sociologue Catherine Louveau spécialiste des questions de genre dans le sport. Hormonal ? « L’entraînement intensif à haut niveau provoque des modifications hormonales. Les Hommes eux même secrètent des taux de testostérone très variables», poursuit-elle. Psychologique ? « on connaît l’existence de disjonction entre le sexe de naissance,celui auquel on se sent appartenir », poursuit Louveau, qui parle de « procès de virilisation » pour désigner les mises cause dont font l’objet les sportives femmes ( Longo, Navratilova, Mauresmo…) dès qu’elle sortent de la norme dominante. .« Le sport fonctionne comme un conservateur des modèles dominants de masculin et de féminin », explique-t-elle. Car c’est bien de cela dont il est question ici, et pas d’une performance phénoménale – la question du dopage n’ayant même pas été abordeé. « Que la masculinité n’appartienne pas exclusivement aux hommes, ça terrifie, renchérit la théoricienne de genre Marie Hélène Bourcier, co-auteure d’un ouvrage collectif intitulé « Les Fleurs du mâle ». Pour des raisons de privilèges sociaux , et de confort,elle est pourtant très attirante pour les femmes, qui n’ont pas arrêté de se viriliser». Bourcier pointe également une autre lecture, raciale, celle là. « Culturellement, et c’est lié à l’histoire de l’esclavage, on reproche toujours à la femme noire d’être dans l’excès. Forte, puissante. Le battage autour de Semenyna me fait penser aux foires de freaks du 19 ème siècle, qui mettaient en scène sexe et race.» Les résultats des tests qui statueront sur le sort de Caster Semenya seront connus « dans les trois semaines ».

Géraldine Sarratia


Catherine Louveau et Anaïs Bohuon : « Le test de féminité, analyseur du procès de virilisation fait aux sportives » dans l’ouvrage Sport et genre XIXe – XX e siècles , L’Harmattan


« Les fleurs du mâle. Masculinité sans hommes ? »,coordonné par Marie-Hélène Bourcier et Pascale Molinier. , 250 p.L’Harmattan, 24,50 euros.

Tuesday, August 25, 2009


LA ROUX LIBRE

Mèche rebelle, look androgyne : la tête de proue de la synth pop britannique fait tourner le monde à son rythme avec un premier album bourré de tubes, qui mêle influences 80, science dancefloor et songwriting très personnel.

Jeudi 23 avril. Une foule très hype s’attroupe devant le Point éphémère, sur les bords du canal Saint Martin à Paris. La salle accueille une soirée Kitsuné où se produisent Who Made Who, The Juan Mac Lean et La Roux. Et n’en déplaisent aux circonvolutions néo-disco des protégés des très pointus labels Gomma ou DFA, c’est pour cette dernière qu’on a fait le déplacement. Programmée en fin de plateau, la jeune femme attise les curiosités. « Mais tu crois qu’elle va chanter en vrai ?ça va pas être du play back ? » « J’adore son look », entend-t-on à la volée dans la foule agglutinée. Depuis que le label electro a sorti en exclusivité sur une de ses compilations son premier single, Quicksand (une variation sur les sables mouvants de l’amour, trente après Bowie), la jeune Anglaise jouit d’une hype qui ne semble pas prêt de faiblir. Après un plébiscite sur les blogs, Youtube, et dans les charts (son second single, l’explosive In for The Kill s’est classée n° 2 des ventes en Angleterre), elle squatte désormais les pages de choix des NME, Guardian, qui en ont fait la tête de proue d’une nouvelle electro-pop féminine à synthé, aux côtés des Lady Gaga, Little Boots, The Cock’n Bullkid. Un amalgame qui la rend furax « Musicalement on a rien à voir. Little Boots est influencée par les années 90, Gaga par le r’n b. Mon truc ce sont les années 80 », explique-t-elle, avec raison. Sa musique, celle qu’elle produit sous le nom de La Roux avec son comparse Ben Langmaid, évoque davantage Depeche Mode, Erasure, Yazoo ou Prince (pour les rythmiques funkoïdes et décalées) que la dance-porn-r’n’b d’une Lady Gaga. Côté look, on se trouve encore à des années lumière. Avec son physique androgyne à la Bowie, sa grande mèche qui couvre la moitié de son visage -quand elle n’est pas dressée sur sa tête-, et son look ultra pointu, mix de fringues de créateurs (Lacroix, Margiela) et d’accessoires de rave kid ultra branchée, La Roux, ou plutôt Elly Jackson, 21 ans, détonne. C’est pourtant une jeune femme empreinte de timidité qui monte sur scène ce soir là. Toute de noir vêtue, un énorme camé autour du cou, mèche dressée, elle s’avance vers le micro, le rouge aux joues. Très classe, et presque sans filet : derrière elle, seuls deux musiciens aux synthés l’accompagnent. Le groupe sa manifestement encore besoin de se roder, mais dès les premières minutes, Elly, avec sa gestuelle très rockabilly et son falsetto éraillé, aimante les regards et dégage l’aura d’une petite star en puissance. « Je sais que ça peut paraître prétentieux, mais j’ai toujours su que deviendrais songwriter. Un de mes amis se souvient que je le disais déjà à l’école maternelle! », explique-t-elle le lendemain, assise dans le patio d’un grand hôtel parisien, le visage à moitié dissimulé par sa déjà légendaire mèche rousse. Elevée par à Brixton dans le très multiculturel Sud Est de Londres par des parents acteurs de théâtre, et très compréhensifs Elly fait son éducation musicale en piochant dans la discothèque de son père. « On écoutait beaucoup de rock des années 50 et de folk, Neil Young, Crosby Still, Nash & Young, Nick Drake. Gamine j’étais totalement dingue de Chuck Berry ». A cinq ans, elle apprend Peggy Sue à la guitare et se met, dans la foulée, à composer des chansons. Elle garde un souvenir affreux de sa scolarité (« les autres filles se moquaient sans cesse de mon allure androgyne »), et arrête à 18 ans, persuadée que rien ne vaut l’expérimentation. Elle passe une bonne partie de son adolescence traîner dans les rues de Brixton, à fumer des joints et écouter du reggae. «L’été à Brixton, tu entends cette musique partout : elle s’échappe des boutiques, des voitures. Si tu fermes les yeux, t’es dans les Caraïbes. J’ai jamais écouté les Ramones, les Doors, ou Led Zep, comme les filles du Nord de Londres.» La découverte de la musique électronique et de groupes tels que Justice, MIA, The Knife, par le biais de la scène rave et club, à 16 ans, révolutionne son horizon musical. « Je sortais le vendredi soir et rentrais le lundi matin, sans dormir. Le folk, qui m’avait aidé à trouver qui j’étais, m’est subitement apparu comme une musique de l’auto-apitoiement. Tout d’un coup, je me sentais prête entrer dans le monde ». C’est lors d’une de ces nuits sans sommeil qu’elle rencontre Ben Langmaid, un producteur et musicien plus âgé qu’elle, qui préfère aujourd’hui rester dans l’ombre. «C’est lui qui a apporté les références du début des années 80, les Talk Talk, Tears for Fears », poursuit-elle. Ensemble, ils composent dans chansons, à leur rythme, sur une période de cinq ans, pendant laquelle Elly vit une relation houleuse. « Toutes mes chansons parlent d’expériences vécues, de sentiments. In for the Kill raconte un voyage à Paris. J’étais venu dire à quelqu’un que je l’aimais. Bulletproof, ces moments où te dis que tu ne referas pas les mêmes erreurs ; Quicksand, ceux où tu touches le fond. Dans ces cas là j’écris très vite, en quelques heures ». Une urgence que parvient à retranscrire son très abouti et tubesque premier album. Car, au-delà de leur rythme synthétique irrésistible, de leur hédonisme, les chansons de La Roux ont cette faculté à faire basculer l’auditeur dans de l’intime, dans les affres du sentiment amoureux. « Je crois que j’ai besoin d’expérimenter, de souffrir pour être capable d’écrire. Et là, en ce moment, je suis heureuse, ça craint ! Je ne sais pas comment je vais faire pour mon deuxième album. En plus, je devrais bosser dans un temps limité, c’est indiqué sur mon contrat. Mais t’inquiètes, je ferai exactement comme je voudrais. »

Géraldine Sarratia

La Roux (Polydor)
www.myspace.com/larouxuk

Monday, August 17, 2009


Gossip girl


Révélés en Europe par l’explosif Standing In The Way of Control et par une séries de concerts explosifs, The Gossip se trouve à un tournant : signé sur une major, le groupe de Beth Ditto, revient avec un album de punk-soul furibard mais aux accents plus pop. Rencontre exclusive avec la chanteuse, chez elle, à Portland.


“Un ice coke s’il vous plaît.” Accoudée à la fenêtre de son 4x4 bleu électrique, vêtue d’une robe jaune canari, Beth Ditto commande sa boisson favorite au McDrive de la banlieue Nord de Portland. “C’est trop bon ! Vous n’avez pas cette boisson en Europe ? C’est dément !” De la main droite elle attrape son porte monnaie dans un minisac couture ultra raffiné, signé Vivienne Westwood. “Il est chouette hein ! Ici personne ne prête attention à mon style. Parfois je sors lookée comme pas possible, mais ici, c'est du gâchis, les gens ne comprennent pas. Il faut absolument que j’emménage à Londres ou à Paris, s’exclame-t-elle en tirant sur la paille de son énorme coke. Souvent, j’ai l’impression que je ne suis pas d’ici. Parfois je déteste vraiment l’Amérique.” La Suzuki file vers le nord de la ville, où vit désormais la chanteuse de Gossip. Dans un ancien quartier pauvre de la ville transformé en zone résidentielle et récemment repeuplé par des jeunes couples, des gays, des familles en majorité afro-américaines, elle vient d’acquérir une maison en bois écolo sur deux étages. “J’ai vécu pendant des années dans des squats punks, j’avais vraiment envie d’avoir un chez moi. Avec la crise, ils ont mis des mois à me filer un prêt, mais maintenant c’est bon.” Elle y vit seule, avec sa chatte aveugle sous prozac, qui a bien du mal à canaliser son agressivité. “Si elle s’approche, il ne faut surtout pas bouger”, prévient-elle. Son partenaire Freddy, un F to M (Female to Male) qui partage sa vie depuis presque dix ans, vit à quelques encablures de là. A l’intérieur, la peinture vient d’être achevée. Quelques cartons jonchent encore le sol. Mais l’ensemble est très cosy et soigné, finalement assez classique, loin de ce que laissait imaginer l’excentricité médiatique de l’ouragan Ditto. A quelques semaines de la sortie de Music for Men, le nouvel album du groupe, et du coup d’envoi d’une promo européenne qui s’annonce effrénée, la chanteuse recharge ses batteries. “Mes activités favorites ? Faire du shopping, regarder des films et manger, lâche-t-elle dans un éclat de rire. Je ne sors presque jamais. Les gens sont souvent déçus. Tu vois les vieilles femmes de la série Les Craquantes ? C’est tout à fait moi !” Ça fait maintenant six ans que Ditto vit à Portland, ville pluvieuse et industrielle de 300 000 habitants de la côte Nord Ouest des Etats-Unis, surplombée par des montagnes encore enneigées en cette fin avril. Après une enfance dans l’Arkansas, état du Sud baptiste et conservateur, Ditto s’est d’abord installée à 18 ans à Olympia, une petite ville située à une heure de Portland devenue dans les années 90, un des bastions de l’underground punk américain. Encouragées par Calvin Johnson (boss du label K, dont Kurt Cobain s’était tatoué le logo sur l’épaule), Olympia a vu naître le mouvement des Riot grrls, ces filles en colère qui ont fait entrer en collision punk et féminisme – et ont tant influencé Ditto. C’est galvanisés par les exemples de Bikini Kill, Bratmobile et par l’adage Do It Yourself que Beth, Nathan Howdeshellet Kathy Mendonca ont formé Gossip en 1999. Mais très vite, Olympia devient étouffante. “Tu connais tout le monde, c’est un peu comme aller au lycée”, explique Ditto. “C’est une étape , renchérit Nathan le guitariste du groupe que l’on a rejoint, en compagnie de la batteuse, Hannah Billie. Nous n’avions pas envie d’aller à Seattle, trop grunge, San Francisco était hors de prix ; Portland, c’était pas trop loin, pas cher, on connaissait des gens. La musique était cool. Il y a toujours eu des groupes un peu underground, qui développaient des styles musicaux en dehors des modèles dominants.”

Neuf ans après ses débuts, le groupe se trouve aujourd’hui à une étape cruciale de son histoire. Standing In The Way Of Control, leur quatrième album, marqué par l’arrivée d’Hannah à la batterie a été celui de l’explosion. Porté par le tube générationnel Standing In The Way of Control, par la présence et la personnalité hors norme de Ditto, “lesbienne, grosse et féministe” canonisée en quelques mois l’icône de toute une génération, le groupe est devenu un phénomène en Europe. Courtisé par les majors, le trio a finalement signé avec l’une d’entre elles. Un changement de taille dans le parcours de ce groupe qui sortait jusqu’alors ses brûlots punk soul sur l’indépendant Kill Rock Stars, et incarnait mieux que quiconque l’idée d’outcast, de voix minoritaire, queer et white trash de l’Amérique. Neutralisé, The Gossip ? Vendu au grand capital ? Ditto répond à la négative. D’une part parce que, depuis le début des années 90, Sonic Youth ou Nirvana ont montré que les frontières entre mainstream et underground n’étaient plus aussi nettes et signifiantes. De l’autre parce que, pense-t-elle, le rapport de force entre maisons de disques et artistes se serait considérablement modifié avec l’effondrement des ventes de disques et la domination du net. “Les maisons de disques ont davantage besoin des artistes que l’inverse, explique-t-elle. Tout le monde peut mettre un single sur Myspace aujourd’hui, plus besoin de label pour ça. Les maisons de disques ont besoin de groupes capables de jouer live, de tourner. Morte l’industrie du disque ? Je ne crois pas du tout ! Je crois au contraire que le marché actuel ressemble beaucoup à celui des années 60, quand les Johnny Cash ou June Carter vivaient sur les routes. Ça me va. Tout l’argent que j’ai gagné, je l’ai gagné sur scène. De toutes façons, on ne veut pas être millionnaires. Je veux juste être tranquille et que ma mère puisse arrêter de travailler chez McDo…”

Le groupe, qui existe depuis presque dix ans semble de toutes façons peu enclin aux compromis, à renoncer à son identité profonde. Il suffit pour s’en persuader de jeter un coup d’œil à la pochette du nouvel album : en gros plan, le visage de la très butch batteuse Hannah Billie coiffée d’une banane rockabilly, et surmonté du titre Music for Men. Camp et queer à la fois, pas vraiment le plan com rêvé pour une major. “Je trouvais ça très drôle de faire un disque féministe appelé Music for Men, poursuit Ditto. L’idée m’est venue en regardant un groupe anglais. La chanteuse souriait, était polie. Elle essayait de se conformer au désir du public de mecs en face d’elle qui pourtant n’en avaient rien à foutre. Comme une métaphore du monde dans lequel nous vivons.” Elle réfléchit un instant. “En un sens c’est une progression logique que Gossip arrive dans le mainstream. Notre but a toujours été de changer les mentalités. Qu’un groupe queer comme le notre se retrouve produit par Rick Rubin et sorte sur Sony, c’est une combinaison intéressante.”

C’est à Malibu, aux côtés du vieux sorcier du son Rick Rubin (Run DMC, Public Enemy, Beastie Boys, Johnny Cash..) que le groupe a pendant trois mois enregistré le successeur de Standing In the Way Of Control, qui avait lui été bouclé en dix jours. “Pour la première fois de notre carrière, on a eu du temps et de l’argent. On n’aurait jamais osé demander à Rubin de nous produire. On adore tous les disques qu’il a enregistré, surtout les derniers avec Johnny Cash. Il nous a vus au Troubadour, une petite salle de LA un soir. Il a dit que c’était comme participer à une fête… En studio, il aimait tout ce qu’on jouait, il était vraiment enthousiaste.” Dès l’introductive Dimestore Diamond, dès les premières coups puisssants et mats portés par Hannah Billie sur ses toms, on sait que les résultats est à la hauteur des espérances. Chaude, sexy et incisive, la production de Rubin sert à merveille les textes très personnels de Ditto, qui aborde à de nombreuses reprises (Heavy Cross, Love Long Distance…) la difficulté de concilier vie de rock-star et relation suivie. “Je n’ai pas peur d’être dans une major ou que le groupe ait davantage de succès, explique-t-elle. Ce qui m’effraie, c’est de ne pas pouvoir être chez moi, de ne pas consacrer assez d’énergie à la personne qui partage ma vie. A cette relation qui est plus ancienne que le groupe, qui l’a vu grandir.”

Il est près de minuit. Beth claque à nouveau la portière de la Suzuki bleu. Direction le Sud de la ville, dans une autre zone résidentielle, un peu plus huppée. Une amie de Beth donne une fête. Très maquillée, moulée dans une robe noire et des chaussures en cuir à talons Vivienne W., la chanteuse est sur son 31. Sur les lieux, une majorité de lesbiennes, parmi lesquelles Hannah la batteuse du groupe. Certaines sont musiciennes, d’autres serveuses ou encore profs à la fac. Dans le garage attenant, une DJ aux faux airs de Samantha Ronson balance depuis son laptop des morceaux hip-hop ultra rapides. Les filles se déhanchent à toutes allure, bras en l’air. Transpirante, Beth danse à en perdre haleine. Phénomène, parfois bête de foire disséquée exhibée par les tabloïds britanniques, Ditto et ses presque 100 kilos passent relativement inaperçues de ce côté ci de l’Atlantique. “C’est une de raisons qui fait que j’adore Portland explique-t-elle. C’est une ville où il y a plein de lesbiennes, de grosses et de gens passionnés de musique. Des gens comme moi. A Londres ou à Paris, que j’adore, je ne peux pas être comme ça. Les gens me reconnaissent immédiatement. Et en plus, quand tu as posé nue, il se croient tout permis, comme si la nudité avait instauré une sorte de familiarité.”

Ces deux dernières années, on a beaucoup vu Beth Ditto. Nue ou habillé. En une des magazines, dans les tabloïds, sur les blogs, chez Perez Hilton, dans les défilés de mode dont elle friande. En donnant à chaque fois la sensation de faire que le monde alentour et ses codes s’adaptent à elle, sans qu’elle change d’un iota. Sans qu’elle ne doive une seule seconde renoncer à ses positions sur le féminisme, ne mâche ses mots en défendant une Susan Boyle en plein breakdown ou en dénonçant la malhonnêteté marketée d’une Katy Perry dans I Kissed a Girl. Inaltérable Beth Ditto ? La chanteuse, qui aura 30 ans l’an prochain, avoue pourtant avoir beaucoup changé. Ses nombreux voyages en Europe, et la fréquentation de réalités et de milieux dont elle ignorait jusqu’alors l’existence, ont considérablement modifié sa vision du monde. “J’ai rencontré des top-models, des filles qui gagnent des millions d’euros, rencontré des tonnes de gens différents. Je crois que j’ai beaucoup mieux compris comment le monde fonctionnait”, assure-t-elle. Elle dit surtout avoir pris des distances avec la scène et la doctrine punk qui avaient marqué ses années de formation à Olympia. “Pendant des années, j’ai vraiment suivi ça à la lettre. Mais j’ai réalisé combien la scène punk était intolérante, étouffante, limitative. Cette idée qu’il n’y a qu’une seule façon de faire les choses, d’être punk, féministe, gay, une seule bonne musique. J’ai grandi dans un environnement baptiste, ultra conservateur du Sud des USA. Avec des règles hyper strictes. Et à un certain moment, la scène punk commençait à me laisser le même sentiment. Tout ça commençait à ressemblait à la Bible, à une religion. J’ai recommencé à faire les mêmes cauchemars que quand j’étais enfant.”

Ditto a donc mûri. Réalisé qu’elle en avait “marre d’être pauvre”, qu’elle n’avait plus à se sentir coupable de sa réussite et que la subversion et la créativité “pouvaient subvenir non pas en suivant des règles mais en étant toi-même . Je crois que je vais davantage réussir à réaliser mes objectifs en étant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système. Parce qu’il faut avoir le pouvoir de changer les choses.” Kate Moss l’aurait beaucoup aidé dans cette prise de conscience. “Elle est une sorte de grande sœur. Elle m’a encouragée à faire ma ligne de vêtements et surtout à n’en avoir rien à foutre de ce que disent les autres. Parce qu’elle s’en fout VRAIMENT. Et c’est assez vertigineux quand tu penses au nombre de gens qui disent de la merde à son sujet ! Moi, je n’ai jamais eu la force ou la possibilité de me taire. Les gens pensent que je suis grande gueule, que je parle tout le temps parce que je suis orgueilleuse, c’est tout le contraire. Il a toujours fallu que je me défende, que je devance les critiques.” Si elle consacre aujourd’hui la majorité de son temps au groupe, Ditto dit activement préparer activement son après. “Je ne suis pas dupe. Ça ne peut pas durer éternellement. Il n’y a qu’une Madonna, un U2…” En plus de divers projets dans la mode, elle travaille actuellement sur un show télé qu’elle animerait pour la télé anglaise. “Ça pourrait être vraiment drôle, confie-t-elle, l’œil brillant. A ce moment de ma vie je me très libre, capable de faire ce que je veux.” Son rêve ? Rencontrer Georges Michael. On se souvient de sa version, électrique et échevelée du Careless Whisper de Wham. “Je l’adore ! Kate Moss le connaît, alors peut être.”

Album Music for Men (Sony)

/// www.myspace.com/gossipband


Sunday, November 30, 2008