Tuesday, October 16, 2007


FAIRMONT LE MAGNIFIQUE


En 2005, son Gazebo, trip mélodique et psyché, nous avait retourné la tête. Avec ce titre sorti sur le label de James Holden Border Community, Fairmont, de son vrai nom Jake Fairley s'était imposé, avec Nathan Fake, comme un des plus fins mélodistes du moment. Surtout il dessinait une nouvelle voie pour la musique electronique engluée dans trop de systématisme et de minimalisme. Aujourd'hui il s'apprête à sortir Coloured in memory, un deuxième ambum somptueux dont le point d'orgue est Flight of the Albatross : une mélopée de six minutes hantée et flottante, sublime.
J'appelle Jacob qui vit à Berlin dans son appartement de Mitte. Interview.

Tu vis à Berlin depuis longtemps?

Quelques années maintenant, pour un tas de raisons. Par rapport à la musique que je joue, c’était plus cohérent de me trouver en Europe. J’ai choisi Berlin parce que beaucoup de mes amis s’y étaient installés, que j’adore cette ville, et que la vie n’y est pas chère ! Ici je peux assez facilement payer mon loyer en jouant en clubs et vivre de ma musique.

Tu as toujours eu un son plus européen que canadien ?

Il n’y pas vraiment de scène club aux Etats-Unis. En partie à cause des distances, du coût des transports. Les clubs sont plus petits, ils ferment plus tôt. Beaucoup d’artistes electroniques canadiens viennent vivre en Europe (Pan Tone, Konrad Black..)

Quand as-tu enregistré ce disque ?

Je l’ai majoritairement réalisé entre les mois de février, mars et avril 2007. Mais certains tracks remontent eux à trois ans. Je les ai retravaillées complètement en gardant certains éléments tels que la mélodie. Je crois que le premier track que j’ai composé est I need Medecine.

Tu as tout produit sur ton ordinateur ? ou tu as été en studio ?

J’ai un petit studio dans mon appart. J’ai un ordinateur et beaucoup d’équipement analogique.
J’ai tout fait chez moi. Vers la fin, James Holden et venu passer quelques jours, pour écouter et me donner son avis. C’était précieux d’avoir quelqu’un qui porte un regard neuf et te dire « là c’est trop court, là c’est ok… ».

Comment as-tu eu l’ide de Flight of the Albatross ?

Je ne sais pas ! (il rit). Parfois mes chansons font références à des éléments de mon passé, des émotions comme l’indique le titre. J’ai écouté le titre, et essayé de déterminer à quoi cela me faisait penser. Et cette figure de l’Albatross est venue dans ma tête. J’avais le sentiment de quelque chose qui flottait.


Border Community : Comment les as -tu rencontrés ?

J’ai envoyé un e mail ! c’était en 2004 et je commençais à tourner en rond, à être ennuyé par ce que je faisais. J’avais la sensation de mettre engagé dans une voix et d’avoir terminé de l’explorer. Cela valait surtout pour mon projet jake Fairley avec lequel je produisais des tracks techno-rock. Je ne savais plus trop ce que je voulais faire, et écouter. J’ai commencé à travailler à de la musique plus douce. J’ai aussi découvert la musique de Nathan Fake et James Holden. Elle m’a redonné mon enthousiasme.

Tu te sens proche d'eux sur un plan créatif ?

Oui. Je me reconnais totalement dans la musique de Nathan et James. Non que je me sente influencé, pu que j’essaie de les copier. James Holden est mon producteur et mon DJ favori ces deux dernières années. Nous avons joué pas mal ensemble et il m’a offert de tourner avec lui pour la sortie de mon album

Border Community t’a redonné ton enthousiasme. Selon toi qu’ont –ils apporté de nouveau pour la musique électronique ?

Ce label a imposé un sens mélodique très fort. Beaucoup de gens ont copié cela maintenant. Tout le monde veut faire des tracks electro dotés d’une énorme mélodie. Border, par le biais de James a également a apporté une complexité dans la programmation, la production. Nathan a apporté la mélodie et James cette complexité et densité dans la programmation.
Aujourd’hui, beaucoup de producteurs font cela. Mais à l’époque, c’était nouveau et sonnait différemment. Le challenge à présent c’est de parvenir à aller plus loin.

Les gens, en parlant de Border, parlent souvent d’electro-psyché. Tu comprends cette appellation ? En même temps il suffit de regarder la pochette super psyché de ton album !

Oui. Je ne sais pas si ma musique est particulièrement hypnotique ou psychédélique, moins en tout cas que celle de james. Mais je pense que nous avons sen commun d’être plus influencés et nourri par la musique du passé et de cette époque, plutôt que par de sons et une esthétique futuriste.

Quand tu as fait Gazebo, tu sentais que ça allait devenir un gros track clubs ?

Non, pas vraiment. Mais quand j’ai su que Border le sortait, j’ai su que ça allait quand même marcher. Le label était très hype et surtout ne sortait que très peu de maxis. Tous marchaient assez bien. Je pense que si j’avais sorti ce track sur un autre label, il aurait eu une histoire différente. Je pense que ce titre est sorti sur le bon label, au bon moment. Je ne le trouve pas différent ou meilleur que d’autres tracks que je produis.

Quand as-tu commencé à faire de la musique électronique ?

Autour de 1995. A cette époque, la musique que j’écoutais m’ennuyait pas mal. J’ai grandi à Toronto. Je traînais pas mal dans le milieu skate, j’écoutais beaucoup de punk, de rock, et aussi beaucoup de hip-hop comme tous les skateurs. J’ai commencé à vraiment m’intéresser aux instrus hip-hop, ça a été mon initiation à la musique électronique. Puis le hip-hop m’ a vraiment lassé. J’écoutais un peu de musique électronique à la radio. Il m’ fallu du temps pour trouver des trucs que j’aimais vraiment. Je n’y connaissais rien. Ma mère avait un ordinateur et j’ai commencé à) bidouiller des trucs. Je n’avais aucune idée de ce que je faisais !! Un an après j’ai eu mon premier synthé analogique, puis une boîte à rythmes.

Tu as fait une reprise très enragée de I wanna be your dog. ? Tu écoutes toujours beaucoup de rock ?

Oui ! J’écoute autant de groupes à guitares de que musique électronique. Et peut être même plus parce que j’entends tellement d’electro quand je joue le we, qu’ensuite j’ai envie d’autre chose. En ce moment, je n’écoute spas trop les trucs du moment, les groupes electro rock, ça me gonfle. J’aime beaucoup the Ponys, ils sont de Chicago ; c’est pop, très psychélique. Ils ont un super son de guitare.

Tu produis aussi des tracks sous le nom Jake Failey. Comment conçois tu ce sdifférentes identités ?

Quand j’ai commencé à faire de la musique, je n’ai pensé consciemment à prendre plusieurs identités, à en faire sous différentes identités. Je produisais des tracks et ce sont les différents labels pour qui je bossais, qui, petit à petit m’ont poussé à faire ça. Ils voulaient que les choses soient très claires, séparées. Je pense qu’aujourd’hui, la musique a pas mal changé de ce point de vue. En ce moment, j’ai surtout envie de faire de la musique pour Border, avec Fairmont.

Jake Fairley te manque de temps en temps ?

Non. Je crois que je suis plus un party animal. Je me sens plus en phase avec Fairmont. Produire des sons agréables, tenter de me sentir bien dans ma vie, de mener une vie agréable. Pas d’être dans le chaos.

Tu es intéressé par le son electronique de 2007 ?

Pour moi 2007 n’est pas la meilleure année de l’histoire de la musique mais cela ne signifie pas que 2008 ne le sera pas. Il y a de très bonnes choses qui sortent. Le vrai problème cette année je trouve, et en particulier dans la scène techno, c’est que les djs et producteurs essaient trop de faire plaisir au public, au détriment de la musique. Ils sont plus préoccupés par le fait de réussir leur soirée que de jouer de la bonne musique. Trop de gens se contentent de copier le son Minus, le son Border Community au lieu de se demander ce qu’il y aura après.

Tu aimes la nouvelle scène parisienne : Justice, Ed banger ?

No comment ! ce n’est pas mon son. Peut être si c’étit sorti il y a quelques années.. mais là je suis trop vieux, c’est trop fort pour moi. Au Canada, ça cartonne. C’est la musique parfaite pour ce pays où tout ferme à deux heures. Tu vas au bar, tu bois, t’écoutes Justice et après tu dors!

Tu joues souvent en France ?

Oui, beaucoup dans le sud de France. J’ai joué au Pulp deux fois, une fois avec Jennifer l’autre avec Siskid. J’adore jouer au Rex. Je m’y amuse toujours beaucoup ; le son est génial et le staff est super sympa.

Aujourd'hui tu vis de ta musique ?

Oui. Depuis que Gazebo est sorti en gros. Je ne suis pas riche, mais je peux payer mon loyer et arrêter de me stresser avec ça. Je peux refuser des dates, prendre du temps pour moi, comme ces trois mois pour faire l’album. La dernière fois que j’ai eu un job c’était il y a cinq ans. Mais je pense que je ne pourrais pas vivre de la même façon à Paris. C’tes Berlin qui permet ça.

D’où vient ton nom, Fairmont ?

C’était le nom de la voiture que mon père conduisait quand j’étais petit. C’est une marque, comme Ford. C’était une assez mauvaise voiture je crois. ? c’est aussi le nom d’une chaîne d’hôtels. Si tu tapes sur Google, tu vas tomber dessus !

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