Wednesday, October 10, 2007

On se repasse en boucle Kala son deuxième album qui repousse un peu les limites des musiques urbaines dans un mélange explosif de hip-hop, electro, standards de Bollywood et rythmes des favelas. Rencontre avec M.I.A, la nouvelle icone de la musique altermondialiste et décomplexée, quelques minutes après son concert à Rock en Seine.

Aujourd’hui tu portes une robe dorée Castelbajac. Est-ce que la façon dont tu es habillée est importante quand tu es sur scène ?

Oui. Pour le dernier album, je voulais avoir un style très africain, très tiers-monde. Je portais des fringues que j’avais eu à la croix rouge. Je pensais beaucoup aux chefs d’Etat ou dictateurs africains, si fiers. L’image est tellement importante pour eux ! ça m’a toujours interpellée. Ils font tellement attention à la façon dont ils sont habillés. Dans le tiers monde, ça fait vraiment partie de la culture de se mettre sur son 31 quand tu fais un show. Et j’adore ça parce que dans ma vie de tous les jours c’est très différent. Je mets ce qui est pratique, me tombe sous la main. Il y a un tas de vêtements et je pioche dedans. Ce qu’il a dans l’endroit où je me trouve surtout ! J’ai des problèmes de visa, donc souvent je ne peux pas rentrer aux Usa. Donc c’est pas toujours fashion, mais une fois que tu as ton style , c’est cool de s'y tenir

Penses tu que ton style est connecté à ta musique ?
Je ne sais pas. Ce sont les autres qui peuvent dire ça. Je ne peux pas penser comme ça. Je m’habille , et fais de la musique en suivant mes envies, ce que je suis.

La relation entre musique et style semble avoir a beaucoup évolué. Avant ils semblaient aller de pair : si tu étais habillé rock, tu écoutais du rock. Aujourd’hui on peut rencontrer un jeune qui s’habille rock mais écoute du hip-hop..

Oui , c’est juste. Les lignes se brouillent, se troublent et c’est une bonne chose. Je pense que c’est ce qui arrive dans la musique, les styles se mélangent. C’est normal je pense que la mode réflète ça également. La musique que je représente est faite d’un mélange de pleins d’ingfluences. C’est normal que la mode le soit aussi. Ce sont des fringues bons marchés et ça doit l’être. Si tu prends tous les gamins qui sont fans de nu-rave, leurs fringues sont bons marchés. Elles viennent de Tunstall Market. La vie est si chère en Angleterre. Tu ne peux pas te permettre d’acheter du Balenciaga. Donc tu dois te fabriquer tes propres fringues comme les punks qui portaient des épingles à nourrices et portaient des pantalons de chantier. De nos jours tu peux te permettre d’être un tout petit plus sophistiquée, grâce à la technologie. Produire les choses n’est plus compliqué ou très coûteux. Mes leggins viennent de chez American Apparel, je les ai payés 2 pounds sur le marché. Aujourd’hui qu’il soit question de musique, de mode, de culture ce sont les idées qui comptent. Si tu vas sur You tube, My Space, tu vois bien que ce sont les idées qui font la différence, pas le fait qu’une chose coûte cher. Pas les diamants ou le bling-bling. Celui qui gagne, c’est qui est le plus ingénieux, propose la coimbinaison la plus originale.il y a tellement de trucs merdiques sur la planète. Quand tu vas dans un magasin de disque, ça te donne le tournis tellement il y a de références. Le processus de sélection est devenu essentiel.

Dans l’histoire de la musique, quelles sont les femmes qui t’ont influencé ? Musicalement, dans leur style ?
Récemment j’ai joué avec Bjork, elle est incroyable. Elle a toujours le même style, la même vision ?. c’est important d’avoir des gens comme elle. J’aime sa musique même si c’est éloigné de ce que je fais. Elle a été un modèle pour moi. Quand j’étais à la St Martin School of arts,j’étudiais le cinéma, l’image. Et Bjork a vraiment été cruciale. Je repense à certains clips, très avant-gardiste. Maintenant tout cela a beaucoup évolué. Il est très difficile de faire une vidéo qui révolutionne le genre aujourd’hui. Mais à l’époque elle était à part. Elle avait le cran de prendre des risques. Je suis aussi très proche de Peaches et Justine Frishmann de Elastica. Elles ont été très importantes dans ma vie, dans mon désir de faire de la musique.

Penses tu encore à faire un film ?
Oui. Mais la St Martin a été un endroit particulier pour apprendre le cinéma. Tu peux filmer un mur pendant une demi-heure puis te lancer dans une grande tirade pour expliquer combien c’est plein de sens et profond ! bla bla bla (elle rit ). Ce n’est pas ce dont j’ai envie
Pour l’instant la musique m’apporte énormément.mais si tu deviens très bon, tout d’un coup tu deviens étrangement seul. Je ne sais pas trop si j’ai envie de devenir bonne à ça ou rester avec tout le mo

Tu réalises toi-même tes vidéos clips?

J’essaie de collbarorer . Pour la vidéo de Boys c’était super marrant. Je suis allée en Jamaique et j’ai fait une vidéo avec des gens là bas. Je n’ai pas envie de faire des vidéos de façon classique. J’ai envie de choses plus expérimentales. Pour Jimmy, les gens de la maison de disque m’ont dit « on parie que t’es pas capable de faire uen pop song, parec que tu en as besoin d’une pour les charts ». ça m’a rendu malade ! Je leur ai dit ok mais je vais vous faire du Abba. Sur la vidéo je voulais aussi jouer avec cette image pop. Ils voulaient que je sois une gentille fille, douce, et tranquille. Et je les ai laissés faire sur le coup. Parce que c’est assez intéressant de voir comment les autres vous perçoivent. Mais mon prochain clip sera beaucoup plus alternatif. Je pense que je le ferai sur I Chat. Je l’ai fait pour Bamboo Banga. J’ai joué la chanson sur mon laptop pendant quej’étais sur I chat.J’ai intégré le son de la vidéo dans la chanson. Elles sont intrinsèquement connectées.

Tu étais très attendue pour ce deuxième album. Est-il facile de dealer avec la pression de l’industrie musicale ?
ça va , ça vient. Tu dois tout prendre avec le sens de l’humour. J’oscille entre sens de l’humour et être bitch. (COMMENT ON traduit ? : salope, n’en faire qu’à ma tête). Tu ne peux pas l’éviter, c’est super dur d’être une femme dans l’industrie. Si tu veux en faire partie, tu dois être super forte, dure. Tu dois être bonne dans absolument tout ce que tu fais : tant le domaine de la création que de l’image. Tu dois être consciente de tout ce que ça implique. Mais j’ai l’impression que les femmes utilisent les deux parties de leur cerveau. ? Björk a vraiment réussi ça. Quand tu es une femme, tu as toujours davantage de choses à prouver.

Te définirais tu comme une artiste politique ?
Ma vie m’a rendue comme ça. Je n’ai pas choisi de l’être. Je trouve la politique ennuyeuse, et cette chose ennuyeuse a affecté ma vie d’une façon incroyable. Donc je suis dedans et me voilà.

Propos recueillis par Olivier Nicklaus et Géraldine Sarratia

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